🎯 La fin de la garantie de non-mise à pied et d’une réelle sécurité d’emploi : une STM plus humaine?
Mercredi dernier, votre comité de négociation a reçu la proposition de l’employeur en ce qui concerne la sécurité d’emploi. Et accrochez-vous, ça frappe fort.
En bref, leur objectif est clair. Dans la prochaine convention, la STM souhaite pouvoir procéder à des mises à pied de professionnels permanents.
Ils veulent avoir la possibilité de cibler des équipes pour y couper un certain nombre de postes, au gré des enveloppes de financement, des modes et des priorités politiques du moment. Le tout en considérant l’ancienneté seulement au sein de l’équipe (la section), et non l’ancienneté comme professionnel STM. Donc, tout le monde serait à risque.
Oui, même vous.
📌 Ce que propose l’employeur
Dans le cadre de la nouvelle convention collective, l’employeur propose :
- De retirer la garantie de non-mise à pied qui existe depuis la création de notre syndicat
- De retirer tout mécanisme de relocalisation pour les permanents de moins de 24 mois d’ancienneté syndicale
- De rendre tout le monde à risque de perdre son emploi, sans égard à leur ancienneté comme professionnel
- Et de bonifier leur offre salariale à la condition qu’on accepte ce recul impensable
Prenons le temps de bien comprendre la mécanique que nous propose la STM.
✂️ La coupure
Prenons le cas fictif d’Éric, analyste principal (groupe 12) à la STM depuis 10 ans. Sa section de six analystes et deux analystes principaux est ciblée pour des coupures. La direction invoque une réduction du volume d’activités. Les trois analystes les moins anciens de la section sont coupés, tout comme Éric, qui a deux ans moins d’ancienneté syndicale que son collègue analyste principal.
Parmi les trois analystes coupés se trouve Geneviève, embauchée comme permanente à la STM il y a 18 mois. Puisqu’elle n’a pas encore atteint 24 mois d’ancienneté, elle ne bénéficie d’aucune sécurité d’emploi. Elle se retrouve sur le champ au chômage.
Éric et ses deux autres collègues analystes se retrouvent en relocalisation.
♻️ La relocalisation
Éric et les autres professionnels en relocalisation continuent tous à travailler à la STM, sans avoir de poste fixe. Un sursis qu’on leur accorde pendant maximum un an. Ils sont automatiquement considérés prioritairement sur tous les affichages de postes de professionnels sur lesquels ils se qualifient.
Quelques mois plus tard, la dotation informe Éric qu’il s’est qualifié sur un poste d’analyste (groupe 11). Puisqu’accepter ce poste impliquerait une diminution de classe salariale, Éric refuse. Il souhaite retrouver un poste d’analyste principal.
Son ex-collègue Khalid, avec 3 ans d’ancienneté syndicale, est le moins ancien des employés en relocalisation qui se qualifient sur ce poste. S’il refusait, il se retrouverait automatiquement au chômage et la STM garderait son nom sur une liste de rappel. Khalid accepte le poste à contrecœur, même s’il ne maîtrise pas ce secteur d’activités aussi bien que son ancien.
Malheureusement pour Éric, douze mois se sont écoulés depuis la coupure de son poste, et il n’a encore trouvé aucun poste qui lui convenait et sur lequel il se qualifiait. Éric se retrouve automatiquement au chômage et sur la liste de rappel.
☎️ La liste de rappel
Maintenant au chômage, Éric se cherche un nouvel emploi, mais le contexte économique est très difficile. Pendant 24 mois, il a encore la possibilité de postuler sur les postes affichés à l’interne à la STM. Sa candidature sera traitée dans le bassin 1, avec celles de tous les autres professionnels mis à pied et en relocalisation.
Si après 24 mois, Éric n’a toujours pas trouvé de nouveau poste à la STM, il perd son lien d’emploi, ses 11 ans d’ancienneté et son droit de postuler sur des postes à l’interne. C’est la fin définitive de sa carrière à la STM.
On n’exagère pas. Ce sont exactement les effets que pourrait avoir le texte que l’employeur nous a déposé mercredi dernier.
💰 « Vendre » la sécurité d’emploi : une fausse bonne idée
L’employeur propose de bonifier son offre salariale pour monnayer ce recul. Mais attention :
⚠️ Leur offre salariale actuelle n’est qu’une première offre : une négo salariale ne se règle jamais sur une première offre
- La STM avoue à la table de négo et dans les médias qu’ils disposent d’une enveloppe plus grande que celle déjà déposée pour régler les négos!
- Les conventions collectives qui se signent au Québec ces mois-ci, incluant celles dans d’autres sociétés de transport, atteignent presque le double du 11,5% qui nous est actuellement offert.
- Notre directrice générale a bénéficié d’une hausse de 6,5% de sa rémunération sur un an.
🚨 Ce que la STM vous offre :
- Bonifier leur offre salariale. De combien? Mystère. Ils attendent qu’on cède avant de dévoiler leur jeu.
- Une hausse du stress et de l’insécurité : Sans protection, chaque employé devient plus vulnérable, même les plus anciens.
- Nous faire accepter des reculs impensables avant de nous déposer une offre salariale digne de ce nom.
❌ Ce que vous perdriez :
- La possibilité de planifier votre avenir professionnel avec confiance
- La stabilité de votre emploi et des équipes de travail
- Un pouvoir syndical contre l’arbitraire : Sans notre garantie de non-mise à pied, il sera plus difficile de contester ou de défendre efficacement une perte d’emploi injuste ou des décisions arbitraires et inéquitables.
- Notre principal levier de négociation pour faire des gains sur nos conditions de travail
✅ On peut obtenir des augmentations comparables au marché sans vendre nos protections
- Refuser la perte de sécurité d’emploi n’exclut pas de continuer à négocier nos priorités :
- Des augmentations de salaire dignes de notre expertise et du marché
- Une flexibilité dans l’aménagement de notre temps de travail
- Des congés supplémentaires
- Un encadrement de la sous-traitance
👉 En étant mobilisés et en négociant intelligemment, on peut gagner sans sacrifier nos fondations.
⏳ Le vrai risque à long terme, c’est une STM vidée de son expertise
Dans l’avenir, sans sécurité d’emploi pour les professionnels, la direction pourrait choisir de s’orienter vers une sous-traitance quasi complète dès la phase de conception des projets. Le gouvernement a récemment donné à la STM plus de latitude dans ses modes de sous-traitance en favorisant les approches dites « collaboratives », de type design-build, où un consortium de firmes se voit confier l’ensemble d’un projet, de la conception à la mise en œuvre. Dans un tel modèle, les équipes professionnelles de la STM pourraient être réduites au minimum et leur rôle se limiterait à superviser les contrats avec les firmes sous-traitantes.
😰 Vers un climat de travail encore plus stressant et toxique
- La sécurité d’emploi offre aux professionnels de la prévisibilité dans la planification de leur carrière.
- De plus, une organisation du travail où chacun est à risque d’être mis à pied cause un stress permanent, en plus de donner aux gestionnaires des leviers de pression et des outils de manipulation anxiogènes.
- « Si tu n’es pas content de ton poste, si tu te plains que je refuse tes vacances, si tu dénonces que je ne paye pas ton temps supplémentaire, je peux te remplacer facilement. J’en connais plusieurs qui voudraient ta job.» C’est le genre de situation couramment observée dans de grandes entreprises du secteur privé.
🙄 Nous pousser vers la grève pour mieux nous discréditer : une diversion dans laquelle on refuse d’embarquer
- Depuis qu’ils sont syndiqués, les professionnels de la STM n’ont jamais fait la grève.
- La grève est un moyen, et non une fin. Nous avons toujours privilégié des relations de travail structurées et saines. Des positions bien documentées, justes, fermes quand il le faut et respectueuses de nos interlocuteurs.
- Dans cette négo, on dirait presque l’employeur s’organise pour que nous allions en grève plus tôt que tard. Comme si la STM souhaitait qu’on prenne une décision rapide, sur un coup de tête. Ils n’attendent que ça. Pour que le jour venu, ils sortent dans les médias pour nous discréditer, pour diaboliser notre sécurité d’emploi. Nos « jobs garanties à vie pendant 30 ans », c’est ça qui met la STM en faillite, diront-ils. La CAQ sera morte de rire.
- Leur stratégie dans cette négo est-elle de tourner le dos à la négociation raisonnée qu’ils ont pratiquée avec nous pendant 30 ans? Monter l’opinion publique contre nous?
- Notre réponse : nous ne tomberons pas dans leur piège, nous ne jouerons pas à ce jeu.
💬 Notre message est clair
❌ Nous refusons de troquer une condition de travail essentielle contre les augmentations qui nous sont dues.
✅ Nous continuons à négocier sérieusement, comme des professionnels, et à nous mobiliser pour une bonne convention collective, raisonnable et digne de notre expertise.
🤝 Le syndicat vous représente. Votre force, c’est votre solidarité.
🗣️ Vous avez votre mot à dire
👉 Utilisez nos fonds d’écran Teams, portez votre macaron (demandez-le à votre délégué), écrivez un mot de soutien au comité de négo comme message de statut sur Teams.
💡 Parlez à vos délégués et à vos collègues, organisez des cafés ou des dîners sur ce sujet pendant vos journées en présentiel, invitez-y un membre du comité de négo!
⚔️ Tenez-vous prêts. Nous ne céderons pas, mais nous aurons besoin de l’appui et du travail de chacun d’entre vous.
✊ Ensemble, nous sommes les pros.
Votre comité de négociation,
Chantal Dubuc
Pierre-Louis Fortin-Legris, conseiller syndical
Marc Glogowski
Émanuelle Leclerc
Benoit Tessier